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Interview avec vowl., icône de la wave : “Je n’avais joué que deux fois devant des gens avant cette année”

Interview avec vowl.

Interview avec vowl. depuis la soirée Bassphase en avril dernier. Nous avons rencontré l’Australien vowl., considéré comme l’un des artistes les plus influents de la scène wave actuelle. Il se livre à cœur ouvert, entre révélations musicales et anecdotes croustillantes.

Comment te décrirais-tu en tant qu’artiste ? 

J’ai commencé le projet vowl. il y a environ 7 ans. Cela a été un voyage assez unique depuis. Je n’ai pas commencé par produire de la wave. Je faisais plutôt du lo-fi ou de la trap. J’ai commencé à faire de la wave ensuite, et j’adore. J’ai également produit pour d’autres projets musicaux, comme de l’indie ou de la pop.

vowl. est un projet plutôt amusant. Je pense qu’il est influencé par pleins d’autres styles musicaux, comme s’ils rentraient tous dans une espèce d’intersection. En terme de structure, mais également dans la manière d’écrire des chansons.

Tu es ici en Belgique pour la Bassphase, le premier concept de soirées wave en Belgique. Comment est-ce tu décrirais ce genre ? Qu’est-ce que tu aimes dedans ?

J’ai toujours écouté beaucoup de groupes de rock, d’emo ou de hardcore. Tu vois, de la musique vraiment émotionnelle. Et écouter de la wave m’a fait ressentir les mêmes sensations que ces groupes-là. J’ai vraiment trouvé ça cool de retrouver cela en musique électronique. Quand je pense à la wave, des noms comme brothel. ou Clams Casino me viennent en tête. Ce sont des sons où l’ambient rencontre la trap. Et ça devient alors de la wave.

C’était un peu mon introduction au genre. Je ne savais pas que ca s’appelait de la wave, mais j’ai adoré ça. 

Et comment est-ce que tu décrirais la wave actuellement ? D’un point de vue de la progression du genre ? 

C’est probablement plus éloigné de ce que je décris. Je pense que ça a pris un côté un peu plus électronique maintenant. Il y a plus de synthés, l’énergie y est probablement plus élevée. Au départ, ce genre était très lent, proche de l’ambient. Maintenant, certaines personnes font de la wave pour créer une musique intense et festive. Mais c’est bien ! Ca laisse encore la place à l’aspect émotionnel. 

Vowl.
Vowl.

Est-ce que la wave est populaire en Australie ? 

Non ! Mes amis sont les seules personnes que je connais qui écoutent de la wave. Pourtant, sur Spotify je vois beaucoup de gens qui écoutent et qui viennent d’Australie. Mais je n’ai aucune idée d’où ils viennent. Ce sont peut-être des robots (rires) ! 

En fait, je n’ai joué que deux fois devant des gens. Et une fois, c’était une première partie de quelqu’un. Il y avait quoi, trois personnes qui connaissaient ce que je faisais…

Tu parlais un peu plus tôt des influences multiples dont est faite ta musique. Est-ce que tu pourrais en dire un peu plus ? 

J’écoute de tout. Aujourd’hui, on va dire que je suis plutôt influencé par les artistes qui font de la musique vraie, authentique et émotionnelle. Dernièrement, j’ai utilisé des samples d’Enya. C’est un artiste que ta mère pourrait écouter (rires) ! Mais je la trouve géniale, et elle m’a vraiment inspiré. Personnellement, j’écoute très peu de wave. Mais je suis très inspiré quand je me remets à en faire. 

Tu es actuellement en tournée, ta première en Europe. 

La Bassphase est la dernière date de la tournée. J’ai hâte de rentrer chez moi, parce que je suis fatigué (rires) ! Mais c’était vraiment bien. Je l’ai commencée à la Rampage Total Takeover, à Anvers.
 
C’était bien d’enfin sortir un peu, rencontrer des gens et de nouer des liens avec eux. En Australie, tu es quand même vraiment isolé du reste du monde. 

Justement, comment s’est passé ton set à la Rampage ? 

C’était un peu étrange de se retrouver là. Liquid Ritual, le label avec lequel j’étais, a été ajouté à la line up après que l’événement soit sold out. C’était un peu bizarre de se retrouver dans une soirée avec Alix Perez, qui jouait de la grosse drum and bass. La boîte ressemblait plus à un bar. Il y avait une espèce de grande baie vitrée, avec un espace fumeur à côté qui donnait sur l’extérieur. On aurait dit un peu un espace détente. Donc, les gens passaient et repartaient, ils regardaient un peu curieusement.

Mais c’était marrant. On ne savait juste pas trop dans quoi on s’embarquait. On se disait un peu : « Qui a la moindre idée de ce qu’on fait ici ?! ». 

Qu’est ce que tu penses du public belge ? As-tu eu un bon feeling ?

Les Belges sont vraiment ouvert d’esprit. Vraiment ouverts à ce qu’on leur propose comme musique. Je n’ai pas eu l’impression quand je jouais que le courant ne passait pas. Ils n’étaient pas difficiles ou irrespectueux. 

Est ce que tu te considères plus comme un DJ, ou plus comme un producteur ?

Producteur, totalement. J’ai toujours accordé énormément d’importance à produire et écrire des chansons. C’est vraiment ce que je préfère. J’ai commencé à apprendre comment mixer il y a un mois. Je n’ai pas vraiment eu le choix. En Australie, tu n’as pas vraiment d’opportunités de te produire devant des gens.

Comme je l’ai dit, j’ai seulement joué deux concerts en 7 ans. J’ai passé mon temps à produire de la musique, je suppose que c’est comme ça que j’ai survécu ! C’est plutôt fou, quand on y pense…

Quelle est ta plateforme de streaming préférée ? Spotify ou Soundcloud ?

Spotify. Mais Soundcloud était tellement bien à l’époque. J’ai l’impression qu’avant, je pouvais y aller et trouver 10 sons que j’adorais, tous les jours. Mais maintenant, je pense que les chaînes de reposts ont tellement gâché Soundcloud. Tout est devenu automatique. Plus personne ne reposte les sons qu’il aime. C’est dommage.

Si tu m’avais posé la question en 2017, j’aurais répondu Soundcloud, sûr et certain. Tu pouvais y trouver tellement de bons sons en deux secondes. 

Ton meilleur conseil pour un jeune producteur ?

 J’en donnerai deux : se trouver une image, une esthétique, un style, et s’y tenir pendant un certain temps. Ensuite, sortir des morceaux le plus régulièrement possible. C’est ce qui a marché avec moi ces dernières années, mais aussi avec d’autres artistes que je connais. N’importe qui peut réussir dans la musique, il faut juste être consistant et régulier.

Est-ce justement parfois compliqué d’être régulier, de tenir le coup ?

Bien sûr. Avant que les gens s’intéressent à moi et à ma musique, je pense que j’ai dû sortir 10 à 15 morceaux. Quand tu commences, c’est difficile aussi : tu n’es pas bon, ni rapide dans la production. Il y a énormément de moments où tu vas te dire : « Mais putain, qu’est ce que je fous ? ». 

Est-ce que tu as de nouveaux morceaux, de nouveaux projets à venir ?

Oui. Il y a énormément de sons que je compte sortir prochainement. C’est un peu bizarre, c’est la première fois de ma vie que j’ai autant de musique prête. J’en ai jusqu’à, je pense, la fin de l’année. Je ne sais juste pas quand ou comment les sortir. J’ai deux morceaux qui sortiront en mai, puis je vais commencer à travailler sur un EP. C’est excitant. Je n’ai plus travaillé sur un tel projet depuis 5 ans.

On vous laisse découvrir l’artiste via sa playlist de ses titres incontournables.

Crédits d’image: vowl, Vowl..

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