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Notre interview avec Claybrook, étoile montante britannique de la dubstep : “L’énergie des raves en Belgique est vraiment différente”

Notre interview avec Claybrook, étoile montante britannique de la dubstep

Lors de la dernière édition de la Room36, nous avons rencontré Claybrook. Le DJ et producteur anglais s’est confié sur ses plus grandes influences, son ascension fulgurante et ses projets futurs très prometteurs.

Interview

Comment te décrirais-tu en tant qu’artiste ? Quand as-tu commencé ?

J’ai commencé à produire en 2007, à une époque où la bassline prenait vraiment son envol au Royaume-Uni. J’étais attiré par des productions très expressives et mélodiques. En plus de la bassline, je produisais aussi du grime et je me considérais même comme un MC quand j’étais plus jeune. Ça n’a pas duré longtemps. J’ai réalisé que je pouvais créer tout un univers en appuyant sur des boutons et en tournant des potards, et depuis, je n’ai plus décroché. C’était il y a 15 ans, ça me fait me sentir un peu vieux ! (rires)

Vers 2012, j’ai découvert Circus Records avec des artistes comme Flux Pavilion, Doctor P, Brown & Gammon, FuntCase et Dodge & Fuski qui me parlaient beaucoup à l’époque. Quand j’ai compris que je voulais contribuer sérieusement au genre, j’ai commencé à me concentrer sur les aspects techniques comme le mixage et l’ingénierie en général. Ça a vite pris le dessus sur ma vie et a transformé mes productions à maintes reprises à mesure que je progressais. En 2013, j’ai contribué à un collectif appelé Alien Tribe avec Adair – qui a collaboré avec Getter sur “Blood” – , Stabby, Synclan et OmegaMode. C’est dans les appels Skype avec ces gars que mes compétences techniques ont vraiment commencé à s’épanouir et à évoluer. Pouvoir échanger des idées avec certains des producteurs les plus visionnaires de l’époque m’a vraiment aidé à grandir en tant qu’artiste.

Vers 2017, je me suis plongé dans la scène rave locale de Birmingham, où la dubstep n’était pas vraiment mis en avant. C’était plus la bassline et la bass house qui étaient populaires, avec cette évolution du son bassline qui s’éloignait de ses débuts. J’étais fasciné par cette nouvelle forme du genre par lequel j’avais débuté, et aussi par ce mode de vie qui consistait à sortir avec mes amis et à passer de bons moments.

Pendant la crise du COVID, je me suis à nouveau senti attiré par la dubstep. Des artistes comme Neonix, Aweminus, Akeos et Hukae figuraient parmi mes écoutes les plus fréquente. Le genre évoluait à nouveau, prenant une touche plus métallique et devenant plus massif. Never Say Die Records : Black Label cartonnait à l’époque. J’ai même eu la chance de faire une triple collaboration avec Akeos et Hukae – un mélange d’éléments de bassline et de dubstep, comme un moment de “retour aux sources” pour moi.

Quel·les artistes t’ont fait tomber amoureux de la dubstep ?

Eptic a probablement été l’une de mes plus grandes influences. Getter aussi, avec ses premiers morceaux sur Firepower Records. Excision également, avant qu’il ne devienne un si gros artiste. Infekt, Bukez Finezt et Gentlemens Club m’ont aussi beaucoup influencé.

Quelles sont tes plus grandes influences actuelles ?

Skrillex ! Il n’est pas le seul, mais j’analyse presque toutes ses tracks pour comprendre comment il fait ceci ou cela. J’ai appris beaucoup de choses sur le mixage et les choix d’arrangement juste en faisant ça. Il est sans aucun doute ma plus grande influence actuellement. Peekaboo cartonne en ce moment. J’écoute aussi beaucoup Knoir, Kerosene, Astaroth, Nitepunk, NRVE et Cosy Kev.

Tu as baigné dans la scène anglaise. Comment décrirais-tu l’évolution de la dubstep au Royaume-Uni ?

Récemment, la drum & bass a dominé la scène en Angleterre – ça a presque toujours été le cas. La bassline revient de temps en temps sur le devant de la scène, un peu comme le UK garage, mais j’ai l’impression que l’engouement relève surtout de la nostalgie pour la plupart, plus que d’une réelle évolution du genre. Quant à la dubstep, il n’y a presque plus d’événements, même pour la dubstep old school, qui est pourtant née ici. La seule exception est SYN LONDON, qui a contribué à lancer Modestep et programme toujours de la riddim. Ce sont de vrais amoureux du genre. Mais c’est à peu près tout ce qui reste en Angleterre. J’ai l’impression que le pays n’accepte pas vraiment ce qu’est devenu la dubstep, alors que c’est ici qu’est né le genre. Honnêtement, ça me déconcerte un peu.

Justement, tu restes très attaché à cette culture old school. Il y a-t-il des artistes anglais, des pionniers, qui t’ont influencé ?

Bien sûr : Joker, Coki, Mala, Skream, Detzky et Sukh Knight, qui a produit “Diesel Not Petrol” – le mélange parfait entre grime et dubstep. Enigma Dubz aussi, qui continue de tout déchirer. Il a un parcours similaire au mien, ayant commencé par la bassline. En grime, je citerais P Money et Flowdan, qui sont des références en tant que MC.

La deep dubstep fait un retour en force avec des artistes comme Skrillex et Hamdi. Quel est ton avis sur cette nouvelle vague de popularité ?

Je trouve que les collaborations entre Skrillex, Flowdan et Hamdi sont absolument folles ! Quant à ce regain de popularité, je pense que ça ne peut qu’aider la scène à grandir. Ceux qui critiquent ça sont ceux qui la tirent vers le bas. Par exemple, “Badders” est devenu un énorme tube, mais ça ne m’empêche pas de l’écouter. La drum & bass a complètement explosé ces dernières années, notamment avec “Baddadan” de Chase & Status. Honnêtement, la commercialisation de la drum & bass a affecté ma vision de la scène et du genre.

Parlons de la track qui t’a fait exploser (Stonecold Dub VIP). Elle a été jouée par FuntCase ou Tape B, il y a des vidéos de gens qui deviennent totalement fous quand ils l’entendent en concert…Honnêtement, t’attendais-tu à une telle réception ?

Non, je ne m’y attendais pas. C’était une “dub”, donc les gens la connaissaient avant sa sortie. J’ai fait cette VIP en une nuit, quand j’étais vraiment dans un état de flow par rapport à la production. Je l’ai terminée en 6-7 heures. L’intro est la même, mais le drop est complètement différent. Je ne pensais pas que les gens réagiraient comme ça.

Quand j’ai vu de très gros artistes se mettre à la jouer dans leurs sets, j’ai ressenti un fort sentiment de reconnaissance. Voir de telles personnes me valider, dans un sens, ça m’a donné un gros coup de boost, plus de force pour continuer à faire ce que je fais. Maintenant, je sais ce que je dois faire pour refaire un truc qui marche.

Tu as sorti des pistes sur des labels comme Malignant et DPMO. Ça doit faire quelque chose.

Absolument. C’est incroyable. Ça me donne le sentiment de vraiment faire partie de cette grande famille de la dubstep.

Ce n’est pas ta première fois en Belgique. Tu as joué à des événements comme Space Invaderz. Quel est ton avis sur la scène belge ?

Je trouve cela vraiment rafraîchissant. Comme je l’ai dit, j’ai l’impression que la riddim n’a plus vraiment sa place en Grande-Bretagne. En Belgique, les gens viennent vraiment pour la musique, pas pour se retrouver en mode “zombie” sur la piste de danse. Les gens sont moins réservés ici, viennent plus te parler… L’énergie est différente, avec beaucoup d’amour et de partage. Ça fait vraiment plaisir.

Où rêves-tu de te produire ?

Aux Red Rocks ! Et peut-être à la Rampage aussi, au Sportpaleis.

Ta collaboration de rêve ?

Sans hésiter : Hamdi, Space Laces, Skrillex, Eptic ou Moody Good.

Des sorties à venir ?

Je travaille sur un nouvel EP pour DPMO — le label de FuntCase. Le mois de juin s’annonce chargé pour moi, mais je vais devoir vous inviter à garder un œil sur mes réseaux pour en savoir plus… Il faut bien entretenir un peu de suspense !

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